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 XAVIER DIATTA

XAVIER DIATTA

Politique,Social, Economique


POST FACE Fiju di Terra, la crise casamançaise racontée à mes enfants

Publié par Xavier DIATTA sur 21 Mars 2017, 08:08am

Xavier DIATTA, auteur Fiju di Terra, La crise Casamançaise racontée à mes enfants

Xavier DIATTA, auteur Fiju di Terra, La crise Casamançaise racontée à mes enfants

 

Monsieur Xavier DIATTA fait désormais partie de ceux qui enrichissent la réflexion relative à l’histoire mémoire de la Casamance. Et le lecteur que vous êtes, comprendra que ceci est un « récit de vie militaire » qui certainement aussi, offre une belle image de ce qu’ont vécu de plus jeunes personnes, qui ont grandi dans le conflit.

Comme cela a été souligné par le préfacier, "la lecture de cet ouvrage vous guérira de toutes ces méprises sur la Casamance et sur la nature et l’origine du conflit casamançais (…), fera que la compréhension de la Casamance d’abord et de son conflit ensuite seront totalement révolutionnés".

La Casamance, c’est une évidence, est devenue un souffre-douleur passif. Le peuple sénégalais, fatigué de la politique politicienne de ses élites quand il cherche à réclamer ses droits, se voit proposer comme alternative, la possibilité de commenter sur ce qui se passe en Casamance, et de faire oublier leurs problèmes au nom du patriotisme.

Au fond, en allant à la source décembre 1982, pour essayer de comprendre la réaction de ces administrateurs, représentants de l’État du Sénégal en Casamance, on semble entrevoir une volonté de "régler l’affaire rapidement, une bonne fois pour toute", la conscience des armes et de l’ordre hérité du colon aidant. Il fallait donc être expéditif en Casamance. On oublia vite que le Sénégal n’est pas un pays fondé par les armes. Le Sénégal moderne, celui-là qui se manifesta comme Etat sous le système colonial français, gagna son indépendance par la diplomatie, c’est à- dire en paroles.

C’est dire que, l’usage de la force militaire contre un mouvement de contestation sociale transformé en mouvement armé, a été la plus terrible erreur dans l’histoire politique du Sénégal. Car, si l’on voulait réellement opposer à "ces/ses" concitoyens qui ont été à la marche de décembre 1982 l’idée qu’ils étaient des Sénégalais à part entière, nul besoin d’utiliser des armes pour leur imposer un système jusqu’à prescrire au sein de la République des limites imposés par l’existence des maquis. Comme dans tous les cas similaires au monde, ceux qu’on a voulu corriger, devenus MFDC et indépendantistes, dos au mur, se sont retournés pour affronter "l’ennemi" et défendre chèrement leur peau. La "Vendetta" qui s’en est suivi, elle aussi expéditive, entraina une situation paradoxale de cette crise casamançaise. L’Etat du Sénégal à travers son armée, tout comme le MFDC, frappe les populations.

 D’une part, En Casamance, on a l’impression que dans les communes l’Etat s’invente des Frontières conquises, c’est-à-dire la démonstration que son armée peut entrer jusque-là au coeur du village, ce "terroir rebelle" avec les populations soumises à la tactique de la chair à canon. On croit que les villageois sont chanceux de côtoyer des militaires armés jusqu’aux dents, alors qu’ils sont bâillonnés, persécutés, après avoir été naguère pourchassés, brutalisés, torturés, emprisonnés, faits disparaitre. Les enfants en Casamance grandissent ainsi avec une certaine image de la peur, de la force et du fusil.

 D’autre part, le MFDC en opposition à un de ces principes fondateurs, la Paix, se lança dans des punitions, des exactions et une élimination de tous ceux qui étaient d’un avis contraire; en son sein même, ceux qui apportaient une contradiction à la volonté des leaders, subissaient le même sort ou rejoignait le camp des "Casamanqués".

Une situation toute aussi paradoxale concernant la personne originaire de la Casamance; rappelons que le Casamançais pourtant vu comme "Casamanqué", traine aussi une certaine méfiance toute somme justifiable dans l’armée. On comprend bien qu’un fils de la Casamance n’aura pas la tâche facile, d’agir en patriote devant ses propres parents qui ignoraient jusquelà, ce que c’est le patriotisme dans une jeune nation comme le Sénégal. Un cas de conscience se poserait même pour le plus obscurantiste des soldats et même pour le plus républicain d’entre eux qui occulterait le principe sacro-saint, qu’une République ne peut mener la guerre contre une partie de son peuple, aussi rebelle soit-il.On donne ainsi l’impression à une certaine jeunesse qui croit savoir brutalement que pour être homme, il faut tenir un fusil à la place du stylo qui n’apporterait plus rien.

Elle ignore alors que dans l’armée plus on prend l’âge et en devenant un officier supérieur, "être homme", c’est devenir humaniste; c’est-à-dire que son seul ennemi juré c’est la guerre qui lui aurait pourtant donné toutes les distinctions. N’est-ce pas regrettable ? Que de regrets, que de regrets, …….

Et l’on se surprend en train de rêver au passé, d’un COMPORTEMENT des hommes qui nous aurait évité cette guerre atroce et insensée entre frères, et en se disant: ‘‘ Et si seulement les choses avaient tourné dans l’autre sens’’.

- Et si seulement les fonctionnaires et les représentants de l’État avaient un petit brin de justice !? Ils auraient dus bien gérer cette fameuse loi sur le domaine national et apprendre à connaitre les personnes dont ils ont la charge administrative.

-  Et si seulement cette marche de décembre 1982 avait connu une fin comme les organisateurs l’avaient imaginée : pacifique, sans violence comme le versement d’eau sur le parcours par les femmes en témoignait et par le dépôt de leur mémorandum au gouverneur.

- Et si seulement les forces de l’ordre s’étaient attelées à protéger leurs concitoyens conformément à leur mandat originel ; si leur humilité leur avait permis de ne pas ‘tenter de mater’’ les manifestants.

- Et si seulement, les représentants du MFDC avait adopté le principe de non-violence, cher à leurs ainées fondateurs du mouvement ; s’ils s’étaient abstenues de s’attaquer aux populations.

- Et si seulement le Parti socialiste était resté loin de cette crise ; s’il n’avait pas déclenché le processus de délation/mensonge pour éliminer un adversaire du même camp ou du camp adverse.

- Et si seulement les juges avaient écouté le plaidoyer et les recommandations des avocats de la défense.

- Et si seulement, Et si seulement, Et si seulement …………

Conséquemment depuis les années 80, on ne cesse de créer des exilés, des humiliés dans leurs villages natales, des gens qui ne cherchent pourtant qu’à vivre libres et heureux. Après la mort de milliers de personnes, la construction et l’entretien de rancoeur et de frustration profonde, le défi qui se pose à tout le monde est de trouver les moyens d’une BONNE PAIX afin d’étouffer a jamais le graines belliqueuses disséminées partout dans le Sénégal. Quoi qu’il en soit, le chemin de la paix ne devrait pas être pavé de bonnes intentions armées que de fusils ! Le seul combat qui vaut la peine d’être mené aujourd’hui, est celui du dialogue démocratique sous toutes ses formes. L’Etat du Sénégal on le sait, a pour seule équation avec des questions subsidiaires, "Comment en finir avec la rébellion en Casamance par des voies démocratiques et sans risque ? " En même temps, on se demande "Comment créer une situation de confiance pour aller vers des négociations, quand on lance des mandats d’arrêts internationaux contre une partie des membres de ceux-là même qui sont conviés à de possibles négociations ? "

A vrai dire, nous sommes nombreux à ignorer ce que le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) est; nous dépendons majoritairement de ce qu’en pensent les réclames de presse qui nous invitent plus à vivre dans l’imaginaire du rebelle armé dans les impénétrables forêts sacrées casamançaises. Non seulement, nous cultivons l’ignorance de la Casamance mais en plus, sommes inscrits de force dans une sorte d’école où l’on apprend tout un art d’écrire le scénario d’un film de guerre contre certains casamançais, ennemis de la République qui dit-on, est « une et indivisible ».

La Paix, Comment ?

Nous répétons que le chemin de la paix ne devrait pas être pavé de bonnes intentions armées que de fusils.Plusieurs solutions en vue d’atteindre cet objectif sont proposées çà et là. D’aucuns pensent que des négociations entre les belligérants, l’état et le MFDC, devraient se tenir en n’éludant aucun point, y compris l’indépendance ; et le dernier mot devrait revenir aux populations qui mieux que quiconque savent bien ce qu’elles veulent.

L’auteur propose la mise en place d’une Commission Vérité, Réconciliation et Pardon. Cette tentative de solution expérimentée dans plusieurs parties du monde devrait asseoir les bases d’une BONNE PAIX.

Cependant dans tous les cas, un environnement et une attitude de PAIX devraient être installés : ce qui permettrait entre autres, la levée des mandats d’arrêts internationaux qui frappent certains représentants du MFDC, le désarmement de toutes les factions et la nomination d’un groupe d’États-garants, forts.

Nous insistons sur le fait que le dialogue démocratique sur toutes ses formes, soit le seul combat qui en vaille vraiment la peine aujourd’hui. C’est un combat qui se mène depuis une dizaine d’années avec des intellectuels engagés qui ont pris la ferme résolution de produire des connaissances relatives à la situation casamançaise pour aider à mieux la comprendre, pour mieux la résoudre. Et ce, à travers des conférences publiques sur les droits, devoirs et libertés, destinées aux populations casamançaises. Mais aussi à travers, nous le disions précédemment, la production et la transmission de la mémoire collective de la Casamance. Les valeurs qui font progresser le chemin de la paix en Casamance ne sont pas forcément les mêmes que celles qui ont fait et qui vont faire durer la Casamance. Beaucoup d’acteurs de la paix ont oublié les secondes, cela pendant maintenant plus d’une vingtaine d’années, et doivent désormais leur porter toute leur attention. C’est en tous les cas, ce que les Editions Injé Ajamaat/Kmanjen font, initialement avec la publication de la désormais incontournable « Histoire authentique de la Casamance » révélée par les archives et l’interprétation des sources les plus fiables sur l’histoire du pays Ajamaat. Notre ambition étant de faciliter la production et la transmission de l’histoire mémoire du territoire et des peuples Ajamaat, nous encourageons donc les Casamançais – entendre par là,tous les amoureux de la Casamance qui y auraient vécue l’expérience de la crise qui débuta dans les années 1980 – à matérialiser cet espoir que nous faisons vivre en suivant tout simplement l’exemple de Xavier Diatta entre autres, cet aîné, ce père de famille, ce « Fiju di Terra » qui « raconte la Crise Casamançaise à ses Enfants » ; ceux de la République surtout.

Nous laissons et laisserons la parole aux aînés, ceux-là qui ont été d’une manière ou d’une autre au coeur de la Casamance et qui l’ont vécue sous conflit ; aux jeunes aussi, s’ils le veulent bien. Tous, qu’ils soient du côté du système étatique armé d’un fusil ou d’une idéologie de l’Etat, ou du côté du peuple armé d’une certaine idée de la Casamance et de la liberté, ou injustement accusé parce qu’ils ont osé porter de manière ostentatoire les principes de devoirs, droits et libertés dans les années 1980 et après.

Vive la Paix en Casamance

Administration

Editions Injé Ajamaat / Kmanjen

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