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 XAVIER DIATTA

XAVIER DIATTA

Politique,Social, Economique


BOYCOTTE DE LA TRANS-GAMBIENNE : ENTRE LA DÉMISSION DU SÉNÉGAL ET L'INDIFFÉRENCE DES ELUS CASAMANCAIS.

Publié par Xavier DIATTA sur 30 Mars 2016, 13:00pm

Catégories : #Social, #Politique

La desserte Dakar-Ziguinchor

La desserte Dakar-Ziguinchor

« La fermeture des frontières, entre le Sénégal et la Gambie pour tous les camions de marchandises et les voitures de transports en commun et autres particuliers, effective depuis le jeudi 18 février dernier se rajoute à une autre survenue en 2014 et qui avait duré 3 mois environ. Habitués de la situation, les horaires de la Casamance qui sont obligés de procéder au grand détour, en passant par Tambacounda, pour rallier leurs destinations situées dans les régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor apprécient différemment ce blocus imposé par des Syndicats et Regroupements des transporteurs du Sénégal.

Toutefois, au moment où certains sont catégoriques et appellent au maintien du boycott de la transgambienne, des transporteurs d’horaires regrettent les difficultés et autres tracasseries subies en parcourant près de 900 kms avant d’arriver à destination » Tambacounda Infos.

Je ne peux m’empêcher de crier ma rancœur, mon dépit, ma désolation et ma déception face à l’immobilisme des Casamançais d’abord et le silence coupable des autorités de mon Pays.

Aucune voix autorisée n’a jusqu’ici daigné s’insurger contre ce mal, encore moins apporter un éclairage officiel ne serait-ce que par correction vis-à-vis des sénégalais.

Une situation qui installe chaque jour une surenchère du coût de la vie en Casamance, entraînant au passage une diminution drastique du pouvoir d’achat des populations. Normal car il faut bien que quelqu’un paye les coûts inhérents au détour par Tambacounda.

Plus grave encore, comme si personne ne souciait de la vie de ces mêmes populations du Sud, les évacuations sanitaires sur Dakar (absence de plateaux médicaux performants) se font par la route en passant par Tambacounda, un périple de plus de quatorze heures dans une canicule étouffante.

Je peux comprendre qu’une corporation (transport) défende ses intérêts, je peux tout aussi comprendre qu’un Etat Gambien affiche un caractère taciturne, désinvolte ou même provocateur, mais je ne peux concevoir que l’Etat du Sénégal affiche une volonté de laisser « le temps au temps » de résoudre une aussi épineuse question. Souvenons-nous, qu’en 2014 lorsque des rabatteurs familièrement appelés « coxeurs » bloquaient la route, il a fallu 3 mois de cauchemar pour que la situation revienne à la normale sur intervention du Gouverneur de Kolda.

De loin certains croiraient que le désenclavement de la Casamance est une réalité car en plus des liaisons aériennes quotidiennes, trois bateaux desservent la région naturelle. Ce qui en substance n’est pas totalement faux. Mais, combien sont-ils ces sénégalais qui seraient capables de débourser plus de 100 000 Francs CFA pour un transport par avion ? Une infime minorité par rapport au bas peuple.

Je me serais bien gardé de parler de ces bateaux dont on nous bassine à longueur de discours car ce n’est juste qu’une arnaque communicationnelle de l’Etat. La capacité cumulée de tout cet arsenal chanté et loué partout dans le monde n’est que de 900 places (500 pour Aline Sitoe, 200 chacun pour le Diambogne et Aguène) Soit l’équivalent de 12 Bus de 80 places. Pour juste une meilleure appréciation, la gare routière de Ziguinchor aligne chaque jour 40 à 45 taxis 7 places 4 bus de 80 places et 15 minicars de 28 places et un nombre indéfini de bus dits « horaires » Si on y ajoute les autres gares routières du Cap, d’Oussouye, de Kolda, Sédhiou plus de 3000 personnes se déplaceraient quotidiennement du Sud vers le Nord du Sénégal et vice versa.

Le Défunt bateau Le Diola à lui tout seul avait une capacité de plus 550 places. Sans verser dans des théories malthusiannistes avec une supposée croissance démographique, l’on peut aisément comprendre que les gouvernements précédents avaient une meilleure maîtrise du désenclavement des régions Sud.

Pour corser encore cette équation logarithmique de voyage en Casamance par bateau, il faut réserver au moins dix à quinze jours avant pour être sûr d’avoir une place à bord. Une problématique plus complexifiée aujourd’hui, depuis que des élus de la région avaient eu « la lumineuse idée » de bousculer la programmation préétablie par la Compagnie COSAMA (Consorsium Sénégalais des Activités Maritimes) en arraisonnant un bateau pour la victoire d’un OUI.

Les Casamançais d’abord (moi y compris) toujours attentistes, préfèrent ruminer leur mal dans les salons lors des discussions mondaines entre Casamançais, en accusant à tort ou à raison un Etat qui pourtant aurait un nombre impressionnant de relais d’origine et d’adoption casamançais à son sommet.

Ma fille me disait un soir lors d’une discussion :

« Au-delà de toi mon père, je vois tous les pères de votre génération. Surtout vous qui êtes d’origine Casamançaise. Vous les cadres Casamançais dans une immense majorité, préférez-vous enfermer dans des complexes accusateurs, vous victimisant au lieu de vous mobiliser pour votre région. Seul votre manque d’engagement explique votre posture de reclus. La hantise d’être perçus comme des rebelles par les autres sénégalais est toujours trop présente dans votre imaginaire. A tort Papa, car se battre pour sa région dans le respect des institutions n’a jamais tué personne, à moins que vos appréhensions de perdre tous vos avantages sociaux liés à vos postes de sinécure sociale que le peuple vous a confiés soient plus fortes que le devenir de votre région…. » ???????

Malheureusement je dois constater que malgré le caractère pédant et téméraire de ma fille, elle a dit « une vérité vraie »

Je dois aussi reconnaitre que mon appréhension de devenir un salaud aux yeux de cette population qui m’a donné une légitimité, en me portant au Conseil Départemental de Ziguinchor se concrétise, car non seulement je suis impuissant, mais bien plus encore incapable de soulager leur moindre peine. Même pas leur apporter les bonnes réponses quant à cette confusion diplomatique entre Le Sénégal et la Gambie, origine de tous leurs déboires d’aujourd’hui. Statutairement je suis Président de la Commission Santé du Département de Ziguinchor mais ce n’est juste qu’un titre, sans plus, car aucun cadre institutionnel ne me permet de porter la plaidoirie de mes concitoyens à part ce blog. Désolé…

Xavier DIATTA

Conseiller Départemental de Ziguinchor

Président de la Sous-Commission Santé

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